lundi 26 février 2024

La Tragédie de Saint-Pierre, La matière d'une absence

©conception graphique: Agnès Brézéphin

 Voici un nouvel ouvrage publié par le Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM). Constitué d’une soixantaine d’images, il est un corpus photographique autour des vestiges de la cité martiniquaise détruite par l’éruption de la Montagne Pelée en 1902. Les photographies ont été réalisées avec une chambre Cambo, appareil qui par son système de bascules du plan optique permet, en évitant les déformations, le respect des proportions et des perspectives de l’architecture.


Pour certaines images un travail de retouche a été nécessaire de manière à épurer les lieux et les débarrasser d’éléments parasites tels que voitures, poubelles, antennes et divers détritus — abandons immondes de la vie courante.


La ville de Saint-Pierre constitue une richesse patrimoniale hors du commun qu’il faut apprendre à préserver et respecter.

La tâche est ardue d’autant qu’elle n’a pas été pensée en amont et qu’une nouvelle ville a été construite sur l’ancienne.


Patrick Chamoiseau a écrit, à partir des photographies, un chant pour la ville, un texte poétique, dans lequel il déploie toute la problématique donnée par la mise en présence de forces contradictoires. Le titre de son texte : La matière d’une absence a été gardé pour l’ensemble de l’ouvrage.


Extraite de sa prose, cette simple phrase me semble résumée à elle seule l’intention du livre :


« Il y a deux villes à Saint-Pierre, une ville invisible et une ville apparente, encore en devenir. La ville invisible soutient la ville apparente. Elle la canalise dans ses marques anciennes, lui fait office de soubassements et lui diffuse un charme exactement tragique. »


La réalisation et la fabrication d’un livre sont toujours une aventure singulière qui demande aussi la réunion de talents complémentaires.

Il est difficile d’évoquer l'ouvrage sans citer et remercier, du fond du cœur, Agnès Brézéhin qui en a fait la conception graphique.

La couverture est une création à part entière et comme il est rare que, pour un livre de photographies, une conception graphique est retenue, ce choix mérite d’être mentionné. La conception du coffret de l’ouvrage pour un tirage de tête de 100 exemplaires, lui a également été confiée.


Les photographies ont été imprimées en Trichromie (1 Noir + 2 tons directs de gris) sur un papier Condat Matt Périgord afin de garder la qualité, la texture et la profondeur des images.

L’imprimerie Vincent à tours s’est chargée de ce travail


En amont la société Preview à fait un remarquable travail sur la photogravure pour arriver à ce résultat.


Le texte de Patrick Chamoiseau a été imprimé sur un luxueux papier : Old Mill Blancot. Sa traduction en anglais est d’Eleanor Williams


La société ID FAB s’est chargée de la coordination des métiers


Fred Dauphin, l’ami de toujours, s’est chargé de la nécessaire relecture et des corrections.


Mes très sincères remerciements vont également à toute l’équipe du PRNM qui aura porté ce projet en confiance jusqu’à son terme.


L’ouvrage à un format de 25 cm X 32 cm à la française et est constitué de 112 Pages.

Imaginé en trois parties on y découvre : Le texte de Patrick Chamoiseau, l’ensemble des photographies de Jean-Luc de Laguarigue, un dernier chapitre avec des images de Saint-Pierre avant l’éruption, ainsi que quelques photographies des toutes premières images de la catastrophe.


une carte dessinée  par Agnés Brézéphin donne quelques repères dans la ville.


Tous ces éléments réunis font  — déjà — de ce livre : un Collector.


©Agnès Brézéphin



© texte Patrick Chamoiseau

©jeanlucdelaguarigue

©jeanlucdelaguarigue

©jeanlucdelaguarigue

©texte, Patrick Chamoiseau



©collection: jeanlucdelaguarigue

©collection: jeanlucdelaguarigue






jeudi 22 février 2024

Arlette Rosa Lameynardie

 Elle s'en est allée, mais elle nous laisse son regard et ses images.

En simple hommage ce portrait :

Arlette en 2017. ©jeanlucdelaguarigue

Chemin Faisant,  est l'ouvrage que Diaphane éditions aura publié, en rétrospective de son travail, à l'occasion de l'exposition Couleurs Pays organisée par le festival des Photaumnales en 2O17.

A découvrir ici.



vendredi 8 septembre 2023

jeudi 18 mai 2023

Le souvenir d'une route

 La générosité luxuriante de la végétation à la Martinique est stupéfiante.

 Il suffit de s’arrêter simplement en bordure des chemins et déjà elle offre ce qu’elle a de plus fertile, abondant, touffus, si près, à porter de la main et du regard.

La contempler et c’est un peu de Césaire ou d’Asturias qui me remonte à l’esprit et au cœur, « quand j’ouvre la cage de mes paupières »....

« Justice au paysage !  C’est lui le crieur encore lui »












        ©jean-luc de laguarigue (droits réservés)

vendredi 12 mai 2023

Histoire d’une photo, Joseph et son mulet Papillon

 

Pour son dernier livre Le vent du Nord dans les fougères glacées, Patrick Chamoiseau a utilisé la photographie de Joseph Tandavarayen remontant, accompagné de son âne, le morne vers son jardin créole. Papillon, car c’est ainsi qu’il se nomme, ayant pour charge le transport du fumier à la montée et, au retour, la récolte de la moisson.

La photographie a été réalisée en 1999 au morne des Esses, sur les hauteurs de Sainte-Marie là où se situe l’action du roman, la vie de Bouliano.


Au moment de son choix Patrick Chamoiseau n’était pas informé du lieu où la photographie a été faite.

Néanmoins si ce détail reste anecdotique, de l’image il dira :


« Lorsque je découvris cette photo, il y a déjà quelques années, ce qui m’est venu à l’esprit c’est que cet homme pourrait parfaitement être un conteur. Pourquoi ? D’abord, parce que c’était sociologiquement plausible. Ensuite, parce qu’il y a dans cette captation toute la poésie archaïque de son accoutrement, les vieilles hardes, le mulet, le bât, le chargement de l’animal… Ce sont des choses que l’on ne voit pratiquement plus. Ensuite, il y a la dimension poétique de la scène. On dirait qu’il émerge d’un brouillard spectral. Enfin, il y a toute l’intensité végétale qui remplit le fond autour de lui, et que la petite pluie transforme en un paysage de légende. Cela donne un paysage de plantes complètement emmêlées, paysage très particulier, très étrange et en même temps très familier, quelque chose d’onirique…


La composition de cette photo crée un effet poétique qui me paraît correspondre à l’état d’esprit supposé des grands conteurs anciens. Au moment où ces derniers se trouvaient dans le prosaïque de leurs tâches quotidiennes, ils devaient cultiver une rêverie permanente, développer ainsi un imaginaire créatif extrêmement puissant…


Dans cette photo, M. de Laguarigue a réussi la transfiguration d’un paysage ordinaire, la transfiguration d’une simple remontée de jardin. Et comme nous savons que les photographes sont ceux qui voient et qui révèlent ce qui nous est invisible, ce que nous ne voyons pas, il était clair pour moi que ce bougre en haillons était potentiellement un conteur. C’est en regardant longtemps cette photo que j’ai pu imaginer le vieux conteur, Bouliano Nérélé Isiklaire, qui allait mourir dans « Le vent du nord… »


Il nous est de moins en moins donné à voir, il est vrai, sur nos routes et dans les campagnes, un agriculteur accompagné de sa bête ; scène de vie qui faisait encore partie de notre quotidien dans les années quatre-vingt.


L’âne ou le mulet peut être utilisé parfois sur les mornes là ou la voiture, le Pick-up ou « la bachée », comme on dit chez nous, n’a plus accès.


Un photographe ne fait jamais une seule photo d'un sujet même si celle qu’il choisit de diffuser vient en quelque sorte avaler les autres. Travaillant toujours par série et le temps passant, 24 années maintenant depuis la première parution de cette image dans mon livre Tracées de Mélancolies (édité en 2000—épuisé), je suis retourné à l’examen de ma planche contact. J’y redécouvre les deux images suivantes qui viennent en quelque sorte boucler la boucle : le passage de profil et toujours sous la pluie de Joseph et Papillon, ou l’on note la synchronisation du pas de l’homme et celui de la bête, ainsi que leur peine.

La dernière image est celle ou la montée du morne se termine, la pluie a soudainement cessé comme c’est souvent le cas ici. L’image est en contre-jour, le ciel est encore chargé, le poids pour l’animal, augmenté de celui de l’eau, semble plus lourd. La récolte n’est plus loin et l’épreuve, pour un moment, arrive à son terme.





© jean-luc de Laguarigue, tous droits réservés

mercredi 3 mai 2023

NORD-PLAGE 2023

En 2014 je publiais l’ouvrage Nord-Plage, Requiem pour une île. 

De retour sur les lieux il y a peu, je redécouvre le quartier, dans sa partie haute et basse, qui est totalement évacué, les maisons détruites.

Reste le chemin de croix et la vierge, 

quelques carrelages,

le vent et son charroi de sel.